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    Présentation du livre


    Les serments ne se brisent pas, les paroles ne se reprennent pas, surtout lorsqu'ils sont dits sur un lit de mort et tant pis si les rêves d'une jeune fille volent en éclats, Margot puisera sa force dans l'orgueil du devoir accompli, fut-il le plus humble et le plus ingrat. De sa vie singulière, Margot a souhaité en parler, et c'est ainsi qu'est née cette histoire de sa vie.

     

     

    Synopsis

     

     Elle aurait pu être sa grand-mère et il aurait pu être son arrière grand- père. C'est de ce couple qu'est née Marguerite ainsi qu'un frère et une sœur qui auront une éducation bien particulière, forgée comme dans un étau,  entre la maison et l'église. Les principes sont stricts et le catéchisme fait loi dans la maison. Marguerite attendra soixante ans pour s'émanciper et vivre une passion restée secrète.

    Devenir une femme... Marguerite a longtemps attendu qu'on lui explique.

     « Papa ! Maman ! J'ai un gros bouton qui saigne dans ma culotte !

     Ah ! Ça y est, dit sa mère, la v'là dev'nue une femme maint'nant !

     - Va falloir que tu t'occupes d'elle et qu'on lui explique, répond le père qui s'adresse aussi à sa fille : « Monte là-haut dans ta chambre !

     Marguerite ne comprend pas ce que sa mère vient de dire « La v'là dev'nue une femme maint'nant » et pourquoi tout ce mystère que ça a l'air si grave et qu'est ce que ça veut dire d'être une femme.Sa mère monte la rejoindre. Elle sort de l'armoire une serviette, une ceinture ; des épingles à nourrice et lui ficelle le tout autour du ventre.

     - C'est pas un bouton, c'est tes règles, qu'elle lui dit. Tu les auras jusqu'à tes cinquante ans.

     - Quoi ? Je vais perdre tout mon sang alors, parviens-t-elle à dire en sanglotant

     - Mais non, c'est que quelques jours par mois. Maintenant descends, ton père a à te parler.

     

     

     

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    MARGUERITE

     

    Une mémoire insolente

      Nous rêvons une vie et nous en vivons une autre mais celle que nous rêvons est la vraie.

    Jean Guéhenno.

     Prologue

     

    Tu m'achales, Marguerite! Tu veux que je me mette à ta place et que je raconte ta vie. Certes, elle n'est pas banale mais je préfère tellement quand c’est toi qui la racontes avec ta verve joyeuse et passionnée, tes mimiques inimitables et ton accent de la campagne quand tes rires se mêlent à tes pleurs que tu repousses d’un revers du poing. Et puis, ce n’est pas pour tes enfants que tu n'as jamais eus que t’est venue cette idée. C’est pour toi, dis-tu, pour plus tard, au cas où ta mémoire ficherait le camp, que tu puisses te pencher sur ta vie quand viendra le temps de passer le temps qui te reste, comme font tous les vieux qui cessent de songer au lendemain et qui ressassent en boucle leur passé. Mais sais-tu bien que si cela arrivait, tu ne retrouverais pas fidèlement tes émois, tes espérances, tes rages, tes impatiences, tes déceptions, tes bonheurs d’avant: la mémoire est une marmite dans laquelle on ne refait jamais la même soupe.

     Il y a peut-être une autre raison que la pudeur t’interdit de dire: tu dois penser chaque jour qu’il est grand temps que tu t’admires enfin, toi qui n’as jamais pensé à toi et qui a dépensé ta vie à servir celle des autres. Maintenant qu’ils n’ont plus besoin de toi, que tu as fait ton temps de labeur, te voilà remisée comme un vieux cheval dans son écurie, recluse dans ta maison que tu adores et détestes à la fois. Et tu t’interroges: toute une vie à trimer pour en arriver aujourd’hui à te recroqueviller sur tes jambes qui ne veulent plus avancer, à lutter contre une solitude qui te semble injuste. Si tu n'as jamais été mère, tu as contribué à élever de nombreux enfants en ayant été employée dans plus de cent douze maisons pleines de marmots qui, bien souvent, venaient se réfugier vers toi pour panser leurs bobos. Je puis bien te le dire à présent, puisque je faisais partie de cette ribambelle de marmousets : tu fus une adorable nounou, une grande sœur souvent consolatrice. Tu n'as jamais été mère alors que tu aurais pu être une grande mère.

     Toi qui, à quatorze ans, ne savais encore rien ou presque, tu as appris à tout faire, même des travaux d'homme. On te faisait monter sur les toits pour déboucher les gouttières ou creuser des canalisations aux tuyauteries défectueuses, repeindre des murs et des plafonds, lessiver des cheminées. Tu dis volontiers que tu n'étais bonne à rien mais tu as tellement appris que tu es devenue bonne à tout faire, et c'est ce chemin, imposé par ta mère mais que tu t'es imposé sans doute, que tu veux refaire pour prendre le temps de le regarder en face, sans rancoeur car, ce que d'aucun pourrait croire que ce fut par faiblesse que tu ne quittas jamais la maison qui t'a vue naître, il faut plutôt y trouver la fidélité aux promesses faites à ta mère, certes, mais aussi la satisfaction d'un travail accompli et surtout la fierté de l'avoir assumé humblement avec le constant souci de faire plaisir sans récompense autre que celle d'être en accord avec ta nature généreuse. Si c'était à refaire, sans doute tu ne te laisserais pas autant faire, tu ne serais plus l'ombre derrière laquelle tu marchais et que bien des gens ont piétinée, mais si tu avais eu à choisir une autre famille, non, pour rien au monde tu n'en aurais voulu une autre.

     

     

     

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